Le nom Hun Kung
=Le nom « Hun Kung »=
Il pourrait faire penser à une ancienne tradition de la chine ancestrale, mais non. Il s’agit d’une plaisanterie, d’un jeu de mot de la part d’une personne qui ne connais rien au mandarin…un trait d’humour . Alors, je vais vous parler de sa naissance.
Kung : un travail de dilatation
J’ai toujours ressenti la place de choix qu’occupe l’art au sein d’un travail intérieur, alors je me suis dirigée vers une formation d’art thérapie, pour me plonger dans cet univers. Après avoir terminé tous mes travaux et reçu mon diplôme, j’ai fait un bilan. Je me suis alors aperçue que je ne souhaitais pas envisager l’art seulement comme thérapie, comme un soin curatif. Pourquoi ?
Tout d'abord, il y a comme une séparation qui s'établit entre un « thérapeute » et son « patient ». Ces termes proposent une hiérarchie qui ne me semble pas opportune : un thérapeute qui serait en pleine santé et un « patient », qui serait... malade. Connaissez-vous un thérapeute parfaitement sain, sans problèmes ? Comme le dit le psychologue jungien James Hillman, « when you’re healed, send me a postcard », signifiant que la santé mentale n’est pas un état à atteindre, comme un fait accompli. La santé mentale est un processus à cultiver quotidiennement, avec enthousiasme et persévérance, et elle oscille entre ses hauts et ses bas.
Et puis, la lecture du mot « thérapie » m’évoque le genre de classification suivante :
- Niveau 10 : personne incroyable, très épanouie et heureuse
- Niveau 6 : personne normale, vivant sa vie de son mieux
- Niveau 4 : les choses ne vont pas bien
- Niveau 2 : les problèmes deviennent préoccupants
- Niveau 1 : complètement fou
Le mot thérapie me fait penser à quelqu'un qui ne va pas bien. Pouvez-vous imaginer une personne de niveau 10 en thérapie ? Le mot thérapie porte l'idée d'un malaise, d’une défaillance à guérir pour retrouver une normalité sociale.
Normalité sociale… Mais dans une société dont la bonne santé reste à prouver, que signifie être socialement normal ? Non, je ne peux pas prendre cela comme référence ! Je dois chercher ailleurs...
Je me souviens de la première fois que j'ai rencontré mon professeur bouddhiste : des yeux clairs, un corps détendu et ouvert aux autres, avec une présence inspirante, sans masques. Ce n’est pas un grand maître, il n’a ni aura dorée ni corps arc-en-ciel. C’est une personne normale, qui fait des erreurs, comme moi : parfois, il dit ce qu'il ne devrait pas, il s'énerve, il se dispute, il commet des maladresses. Pourtant, ses yeux et son corps dégagent une présence, de l'Amour et le courage de rester ouvert même dans les moments difficiles.
C’est lors de cette rencontre que j’ai entrevu ce petit quelque chose de très précieux chez l'être humain. J'ai exploré en moi-même et je l'y ai aussi découvert ! J’ai alors commencé à chercher des regards portant cette flamme de vie et j’en suis arrivée a une autre compréhension de ce qu’est un être humain.
Peut-être que notre potentiel ne se limite pas à dix, mais peut s’étendre à cent, deux cents, mille et au-delà…
…alors que je parcours avec tant d’espoir et d’enthousiasme les chemins ouverts par toutes ces écoles de connaissance, comme le bouddhisme, le soufisme, le taoïsme…tant d’enseignements et de pratiques que nous transmettent les grands maîtres pour nous guider et nous encourager à développer notre Présence et regarder ce potentiel même.
Quelle source de sagesse pour apprendre comment s’orienter dans la vie, comment prendre soin de son Âme, comment vivre, comment aimer…quelle inspiration prodigieuse !!! Ces gens-là sont des guides, des hiérophantes, et nous montrent avec leur Présence, leurs yeux éclairés et leur discours empreint de pureté, que le potentiel humain est énorme. Ils sont de niveau cent, deux cent, cinq cent ou mille peut-être, mais quelle importance, ils nous enseignent à dépasser ce dix réducteur et à regarder au-delà, à regarder notre énorme potentiel de sourires, d’Amour, de compassion et de sagesse, un pouvoir immense !!!
Ni un ni dix. L'être humain peut aller jusqu’à 1000 !...lorsqu'il a laissé derrière lui sa petite créature et ses oeuillères, ses petits conditionnements aveuglants, et qu'il s'est dilaté, qu'il s’est livré à la Vie et à l'Amour. Cet abandon est un processus d’expansion de l’Être ; une connexion de l’Être avec le réseau de la Grande Vie.
Notre âme nous accompagne toute notre existence, pourquoi ne pas lui offrir ce travail de toute une vie, un travail constant de progression, et non simplement de maintenance?
Le potentiel de tout Être réalisé, avec toutes ses qualités humaines, c’est mille! Et je constate avec un léger pincement au cœur que notre société n’a pas le même repère . Elle veut bien offrir son aide à une personne de niveau un, ou deux pour atteindre le six, et dans le meilleur des cas le dix... mais pour moi ces deux personnes sont très proches, et avoisinent la même indigence existentielle, si l’on considère que notre potentiel est mille.
Ainsi, il me semble que se restreindre à un travail de thérapie condamne notre appétit d’avenir, nos ambitions, alors j’ai cherché une démarche où nos aspirations peuvent s’exprimer, une démarche où placer toutes nos envies, toutes nos passions, toute notre attention, tout notre feu de vie, et où l’on pourrait envisager d’aller aussi loin que possible, aussi loin que nous le pouvons…
J’envisage une pratique qui soit une philosophie de vie, qui touche chaque partie de ma vie, pas un acte seulement transitoire et éphémère, mais un processus constant et global, à se découvrir et cultiver son énergie vitale. Un travail profond, entier et expansif, un travail de dilatation et de transcendance qui se construirait dans le temps. Ne pas se contenter de guérir le passé, mais s’aguerrir pour l’avenir. Un processus d’expansion de tout notre potentiel, de tout notre Être.
Alors, j’ai fait ce parallèle avec le « chi kung », le travail de l’énergie vitale, qui consiste à travers des exercices sur la respiration, le souffle, à recevoir cette énergie, la laisser circuler en nous, la cultiver jour après jour, et s’en nourrir. J’ai donc songé à un travail identique pour mon âme, rechercher ce dont elle a besoin, les conditions, les substances, les gestes qui vont la nourrir. Et dans ce sens, le mot « kung », cultiver avec dévotion, avec amour me semblait bien plus adapter à mes aspirations, que le mot…thérapie.